On A Demmandé Des Datacenters, On A Reçu Des Call Centers

Déjà, toi qui lis cet article, dis-nous : c’est avec qui tu as demandé ces datacenters ?
Parce que, lol, nous avons déjà réceptionné notre datacenter, le Lomé Data Center.
Mais moi, surtout, ce que j’ai remarqué, c’est un attroupement de jeunes et de moto Dubaï devant certains bâtiments – on en croirait des universités !
Devant le portail, tu verras passer un pyjama, des jeans, des lockses (Dieu sait qu’on rase la tête des gens dans certaines écoles supérieures).
Ces bâtiments poussent comme des champignons : l’immeuble d’Adewui, le grand campus de Didjolè, le "Grand A" d’Adidogomé, le bâtiment avec rooftop d’Agoè-Océanos, un étage du bâtiment Chinois… Bref, il y en a partout, bien plus que dans cette liste non exhaustive.
Cette tendance qu’on observe depuis quelques années, c’est la multiplication des services clients et des centres de contact.
Dans un cadre très jeune, pensé pour séduire les jeunes et rendre l’expérience détendue ; une armée de jeune devant leur écran dans leur box, café à la main, casque sur la tête, à répondre aux besoins des clients, à prospecter.
C’est une vraie aubaine pour la jeunesse estudiantine. Ce sont très souvent des postes qui ne demandent pas une grande expérience professionnelle.
C’est un réel tremplin pour gagner de l’expérience (les fameuses "2-5 ans d’expérience" qu’on te demande toujours, même pour un stage !).
Mais à quel prix ?
Tout n’est pas rose. Derrière ces salaires attractifs et ces horaires flexibles, ces postes cachent des dangers bien réels, notamment sur la santé mentale : une pression constante, des objectifs irréalistes, des clients parfois agressifs… Les employés peuvent craquer. En plus de ça, il y a aussi horaires compliqués, un isolement de l’employé par rapport à son milieu habituel.
Et ce n’est pas tout : contrats précaires, heures supplémentaires non payées (il y en a même une dans le lot qui a passé une année sans payer !), managers toxiques, clients qui se comportent comme des sauvages (les zemidjans dans la circulation ne sont pas aussi à cran)…
Des pistes pour aller mieux
Face à cette réalité, une chose est à noter : ces milieux sont plutôt conscients du stress qu’ils engendrent et font déjà un premier effort, pauses, salles de repos. Mais derrière, il faut surtout que l’employé comprenne qu’il doit se construire des échappatoires. Que ce soit des sorties avec des amis, des matchs de foot, il faut vraiment créer des boucles dans sa semaine, des événements rituels pour éviter l’isolement. Parce que le risque le plus grave dans cet environnement, c’est l’isolement.
Et par-dessus, on peut se retrouver sur des taches dont on peut fondamentalement critiquer l’apport à la société et créer un certain mal-être personnel.
Il faut aussi essayer d’être le plus amical possible, de profiter de ses collègues. Les entreprises te passent beaucoup d’huile sur le corps avec leur discours "nous sommes une famille", alors autant en profiter !
Mais attention à la toxicité, très possible dans ces environnements hyper concurrentiels entre employés. La rivalité peut vite devenir malsaine.
Des bons côtés quand même
Tout de même, il ne faut pas jeter le kanzo avec la marmite ! Parce que l’industrie du service client et des centres de contact, ce sont aussi des postes back-office – gestion de données, support administratif, support informatique – qui sont plutôt bien. Moins de pression directe (ou plutôt d’une autre nature), plus calmes, et les salaires restent décents par rapport au marché. Donc, ça reste de très bons emplois.
Et bien sûr, selon le poste, il faut vraiment les aborder comme un moyen de se lancer, de trouver le nouvel or noir (nommé "expérience professionnelle") à Lomé, et ensuite viser quelque chose qui nous convient mieux. On peut même économiser pour se lancer ailleurs.
Dans l’absolu, c’est une plutôt bonne opportunité. Un ou deux ans de souffrance pour passer à autre chose. Si les précautions sont prises bien sûr ! Si tu n'en peux pas, pardon, abandonne (Il est permis de pleurer).
Un espoir pour les entreprises togolaises
Dans tout ce marasme, je pense que la tendance à l’installation massive d’entreprises de service client à Lomé devrait aussi ouvrir les yeux aux entreprises locales qui délaissent ce côté important du business.